dimanche 25 mars 2012

Sefyu : Qui suis-je ?






J'en vois déjà pleurer.
J'en vois déjà hurler.
J'en vois s'étouffer avec leur bière.

Coucou ! C'est moi, et aujourd'hui, on va parler Rap français.

Alors oui, effectivement, on va me traiter de traître à ma patrie, de faux métalleux, de gars qui en plus "chronique un gars que c'est trop un vendu"... Bah, pour reprendre Mc Jean Gab'1 : "J't'emmerde, j't'emmerde et j't'emmerde !"

Bon d'accord, j'avoue que Sefyu, rappeur français, originaire d'Aulnay-sous-Bois, a quand même sacrément mal tourné, en particulier depuis qu'il fait des tubes, et qu'il gagne des victoires de la musique. Mais bon, il serait bon de ne pas oublier qu'il en est arrivé là avec "Qui-suis-je ?" (et aussi avec Molotov 4, excellent mixtape sortie avec l'album).

Noir, oui carrément, ici l'ambiance n'est pas à la fête, ça sent les blocs (Balzac-4000-93.120, pour ceux qui comprendront), les halls remplis de junkies, et la capuche du pull LRG qui dissimule la New Era 59Fifty avec l'étiquette estampillée chez les Braves ou chez les Yankees, la nuit.

Ambiance grégorienne, avec des chants samplés sur l'instrumentale de l'introduction. Le beat cogne, et les paroles récitant les rivalités entre villes de la banlieue sont criantes de vérité.
Que dire de la lourdeur de "En live de la cave", de l'instrumentale massive, et des chœurs tout aussi massif  de "La légende", de la noirceur de "Faits divers, ou encore le monstre de testostérone banlieusarde qu'est "Musculation" ?
Et ces samples de glocks, sans cesses rechargés, et déchargés, comme la terrible boucle des rivalités de bandes.

Alors bien sûr, l'homme ralenti parfois un peu la cadence, en faisant des chansons plus posées, et en incorporant des influences moins sombres, et moins Hardcore, mais le propos reste profondément triste. Et le pire, c'est que ceci n'est qu'on constat.

Alors il y a quelques petits défauts dans cet opus. Certaines chanteuses de R'n'b sont parfois un peu too much, et il y a deux interludes (avec un imitateur ?!?) qui cassent carrément l'ambiance, mais vu la qualité globale de cet opus, on passe largement dessus.

De même, les textes sont bien écrits, même si pas forcément faciles à comprendre à cause de la voix imposante de l'homme. Heureusement, il en a glissés quelques uns dans le livret du CD.
Comme il le dit lui même "Tu voulais un son lourd ? Bah, t'as la voix qui va avec." dans "La vie qui va avec", et effectivement, personne ne peut rendre quelque chose d'aussi lourd, hormis Sefyu. On peut dire que la performance vocale de cet opus, est vraiment dense et intense, et surtout, elle colle à l'univers comme un tube de Super Glue à prise rapide.

 Alors bon, j'aurais aimé que certaines titres de la mixtape du genre "VNR" ou "Crie mon nom" se retrouvent sur l'album, dans une version totalement noircie.
Mais bon, on ne peut pas tout avoir.

La légende, Sefyu y entre de plein pied avec cet opus, en tout cas dans celle du Rap made-in-france, et même si la dégénérescence sera progressive (oui, y'a quelques bons titres sur l'album suivant : "Suis-je le gardien de mon frère ?"), elle sera bien au rendez-vous pour l'artiste.
En attendant, cet album reste dans mon panthéon personnel du Rap Français.

" Zahefyu - Molotova - Undercova - La muscul' y va avec !"

16.5/20





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